Le couple ou le « Je » à Deux
« Nous n’avons pas le pouvoir de rendre l’autre heureux, que ce soit notre partenaire ou nos enfants. Mais si nous nous rendons heureux, peut-être pouvons-nous leur en faire cadeau ! »
Vers une définition du couple / C’est quoi un couple ?
La lecture de Freud offre une vision du couple en tripartie. Nos expériences de l’enfance, nos conflits œdipiens, nos pulsions tapissent notre inconscient. Elles constituent un tiers qui s’invite dans la vie du couple.
Dans cette vision, un couple est le réceptacle où se rencontre l’histoire de chaque partie. Le lit conjugal accueille les deux conjoints entourés de leurs mères, de leurs pères, de leurs fratries et de leurs ancêtres.

La névrose de l’un nourrit la névrose de l’autre. Une personne maltraitante, par exemple, se mettra en quête d’une personne dont la construction psychique est de croire que, si elle est maltraitée, c’est une normalité.
La vision de Carl Rogers met en perspective la responsabilité de chaque personne composant le couple et vivant dans un environnement donné. Le couple est l’association de deux partenaires liés par des projets affectifs communs.
Le terme d’association suggère un partenariat en vue d’un projet. Il induit que les partenaires créent une alliance à l’intérieur d’un cadre. Ce cadre donne forme et sens à leur relation. Il est parfois explicite. Le plus souvent, il demeure implicite.
Les projets affectifs concernent les deux partenaires dans leurs dimensions subjectives. Ils partagent plus ou moins réciproquement des intérêts, des désirs, des besoins, des passions, des attentes, des goûts, des convictions,…
Les termes d’association et de projets affectifs impliquent une communication interpersonnelle constante.
La communication, le socle de la relation
Le « Tu » tue ! Jacques Salomé l’écrivait en 1982 dans son livre « Parles moi, j’ai des choses à te dire » : « Tu laisses trainer toutes tes affaires. » « Tu n’as même pas fait la vaisselle. » « Tu devrais te mettre en robe pour moi. » « Tu as la clôture à réparer. » « T’aurais pu commencer les devoirs avec les enfants. » Tu es, tu as, tu dois, … Et vous, comment les entendez-vous ?

Mais ce n’est pas tant le « Tu » qui est destructeur, c’est le « Tu » accompagné des mots qui en découlent. Les mots qui jugent, déprécient, écrasent, infantilisent, accusent et sont entendus comme des reproches. Ils enferment celui qui les reçoit dans une « boîte », dans une projection qui appartient à celui qui les prononce. Ils touchent l’autre dans sa valeur, parfois dans son intégrité psychologique, son estime de soi et sont autant d’agressions qu’une forme de maltraitance.
Il s’en suit parfois un jeu de ping-pong verbal où les mots dépassent la pensée et les décibels autorisées : « T’es qu’un sale c… » « Grosse s… », etc… La violence verbale monte en escalade et devient parfois physique.
Les « Tu » à deviner :
Elle et Lui ont entre 40 et 50 ans, vivent ensemble depuis une quinzaine d’années et ont deux enfants adolescents. Ils dorment à l’étage. Dans leur chambre est installée une salle de bain ouverte sans porte.
Elle – Depuis que tu commences plus tard, je dois descendre à la salle de bain du bas.
Lui – Pourquoi ? Tu ne me réveilles pas du tout.
Elle – J’ai besoin d’intimité. Depuis le temps, tu aurais dû comprendre et mettre une porte !
Alors, comment mieux communiquer ? Lorsque vous vous adressez à votre partenaire, obligez-vous à commencer votre phrase par « Je » en précisant le pourquoi, votre envie, votre besoin : « Je suis lasse de voir trainer toutes tes affaires. » « J’aurais aimé que tu fasses la vaisselle pour m’aider. » « J’aime bien quand tu mets des robes, cela éveille mon désir. » « J’aimerais que tu répares la clôture avant de retrouver une chèvre dans le jardin. » « J’aurais aimé que tu commences les devoirs avec les enfants afin de…. »…
Les mots qui découlent du « Tu » sont importants. Même s’ils sont subjectifs, s’ils sont positifs, ils font du bien : « Tu es merveilleuse », même avec le « Je » : « Je te trouve merveilleuse. »
Le mieux communiquer nous oblige à devenir responsables de nous même ! Etre nous même.
Etre soi est un processus de prises de conscience successives chaque fois que des mots sont prononcés : « C’est à cause de toi si j’ai frappé les enfants, tu m’avais énervé… ». Cette femme de 40 ans, mère de trois enfants, a prononcé ces mots naturellement. Elle essayera de trouver des raisons à son geste injustifiable. C’est normal de frapper des enfants qui chahutent un peu trop fort, et en même temps, elle sent que ce n’est pas acceptable. Elle met alors sa culpabilité sur les épaules de son partenaire !
Elle dira plus tard : « C’est comme ça que j’ai été élevé ». Ce couple vit donc aussi avec une belle-famille. Une belle-famille invisible, mais présente par sa transmission transgénérationnelle inconsciente !
Etre en couple, c’est aussi s’engager à tendre vers l’objectif d’être soi, se dépouiller des injonctions de nos ancêtres afin d’être dans une communication la plus vrai possible, « Je » . Pouvoir partager ses émotions, ses sentiments en toute sécurité.

Etre en couple, c’est aussi s’engager à tendre vers l’objectif d’être soi, se dépouiller des injonctions de nos ancêtres afin d’être dans une communication constante la plus limpide possible par le « Je ». Partager ses émotions, ses sentiments, ses envies, ses besoins en toute sécurité intérieure, sans peur, c’est faire l’expérience du premier pas du « Je ».
Le couple, la famille et soi sous le même toît !
Juridiquement, les parents détiennent une autorité parentale. Ils ont en charge de veiller sur l’enfant (santé, éducation, patrimoine) et de le protéger (hébergement, nourriture). Les parents détiennent avant tout la responsabilité de la bonne construction psychique de leurs enfants.
L’enfant étant une personne à part entière (mineur juridiquement), quand le couple (« Je »+ « Je ») fonde une famille, il y a autant de « Je » supplémentaires que de personnes venant rejoindre le noyau familial : « Je »+ « Je »+ « Je »+ « Je »+ …
Chacune des personnes va avoir besoin de trouver sa place au sein de la structure familiale, qu’elle soit ou non recomposée. Chacune d’elle aura besoin de sentir qu’elle est reconnue, qu’elle existe et qu’elle peut se sentir libre « d’être soi ».

Outre l’importance de rester connecté à soi avant d’être en relation avec l’autre, pour une vie de couple épanouissante, le temps relationnel est une donnée notable et non conscientisable quand un couple fonde une famille. Le temps pour soi, pour le couple, va être diminué pour ouvrir un espace-temps pour l’enfant. Chaque temps est sacré et ne peut être abandonné. Ils sont d’une importance vitale pour une vie de couple épanouie : L’espace-temps avec soi en tant que personne unique (sans son partenaire et sans les enfants), l’espace-temps avec son partenaire en tant que couple (sans les enfants) et l’espace-temps avec son enfant en tant que parents.
Elle et Lui vivent ensemble depuis une dizaine d’années et ont une petite fille de trois ans et un petit garçon d’un an.
Elle – Moi, je croyais que quand on était marié, on faisait tout ensemble. Et là, je suis souvent seule à m’occuper des enfants. Une fois la semaine, il va à son foot, plus les dimanches match de foot et, tous les quinze jours, il fait soirée poker avec ses copains.
Lui – Mais moi, je ne l’empêche pas d’avoir des activités, d’aller voir ses copines. Mais elle ne veut pas !
Elle – Je ne comprends pas que tu aies besoin de voir tout le temps tes copains ! Moi, je n’ai pas besoin, je suis bien avec toi, je n’ai pas besoin des autres.
Lui – Quand tu passes 3 heures avec ta mère au téléphone que tu as vu la veille, moi non plus je ne comprends pas, mais j’accepte. Ce n’est pas grave, je t’aime.
Le mieux communiquer de ce couple, va permettre à chacun de sentir que le besoin de l’autre est vital et différent. Les partenaires redéfiniront les termes de leur association. Ils aménageront entre autres, un espace-temps pour leur couple, sans les enfants.
Pas d’histoire d’argent entre nous ! Ou combien € tu m’aimes ?
Un couple qui décide de vivre ensemble, c’est aussi décider de porter un regard sur la gestion associative financière future.
Globalement, quand les deux travaillent :
– Soit les revenus sont gérés individuellement, pas de compte bancaire joint. Le partage des dépenses communes se fait en argent ou en troc (loyer contre électricité, par exemple).
– Soit une partie des revenus respectifs est versée sur un compte bancaire joint pour les dépenses communes.
Néanmoins, la quote-part de chacun doit-elle se faire de façon égale comme deux colocataires ? ou de façon équitable, où une gestion respectueuse de la différence des revenus est alors adoptée ? Si un couple est une association de deux partenaires liés par des projets affectifs communs, alors la notion d’équité est plus appropriée.

Madame et Monsieur ont 44 et 53 ans. Ils ont quatre enfants. Elle travaille à mi-temps (tarif horaire du SMIC) et lui, à plein temps (5 x SMIC). Ils n’ont qu’un compte bancaire joint. Elle ne peut pas s’empêcher, tant qu’il y a de l’argent sur le compte, elle achète.
Mr – Ca ne peut plus durer. On n’a même pas un sou de côté. J’ai l’impression de bosser pour rien.
Mme – Mais moi aussi je travaille !
Mr – Tu parles, c’est juste ton argent de poche, oui.
Mme – Mais les enfants ? Ils sont aussi à toi ! C’est du temps ! Les activités ? Les devoirs ? Le repassage ? Les courses ? Le ménage ? La cuisine ?… T’as vraiment cru que tu avais épousé une femme de ménage, une nourrice, une cuisinière, … une gouvernante quoi !
Mme a ouvert un compte bancaire personnel. Et partant du principe que si leur couple se séparait, Mr devrait donc faire appel à tous ces corps de métier une semaine sur deux. Mme a donc établi une liste de toutes les heures consacrées aux enfants, les heures consacrées à son mari (repassage, couture, etc…), les heures consacrées à la communauté, comme la cuisine, etc… et a fait une facture à Mr au prix horaire du SMIC.
Mais aussi… considérant que si le couple était vraiment divorcé, Mme n’aurait pas eu les moyens de louer une si grande maison et elle aurait eu des aides, et… Il a donc été décidé que sur le compte bancaire joint, seraient versées les sommes nécessaires au fonctionnement de la famille. Monsieur devra payer le travail effectué par Madame pour la communauté.
Toutes les charges communes seront calculées de façon équitable au prorata du salaire de chacun. Madame paiera donc 1/5 et Monsieur 4/5.
Le couple et sa sexualité
La seule façon de perpétuer l’espèce humaine, c’est de procréer. Pour ce faire, le pic du désir sexuel chez la femme se manifeste deux jours avant et trois jours après l’ovulation, soit cinq jours par mois. Chez l’homme, il peut généralement être éveillé tous les jours afin d’être disponible à tous moments pour la fécondation.
L’évolution humaine a aussi fait évoluer le rapport à la sexualité. Aujourd’hui, l’humain peut accéder à la jouissance hors période d’ovulation, quand certains stimulus conscients ou non réveillent le désir : Une odeur, un souvenir, un corps, un film, des caresses, un bain chaud,…
Elle et Lui ont une trentaine d’années et un petit garçon de trois ans.
Lui – Elle n’a jamais envie. Elle ne m’aime plus.
Elle – Ce n’est pas que j’en ai jamais envie, mais pas tous les jours. J’en ai marre.
Lui – Tu ne m’aimes plus. Moi, j’ai toujours envie de toi, je t’aime !
Elle – Ca n’a rien à voir ! Moi aussi, je t’aime, mais faire du sexe, ce n’est pas pareil, une à deux fois la semaine, moi ça me suffit.
Lui – Je fais comment ?
Parfois, la fatigue physique ou psychique, un contexte émotionnel désagréable, une frustration, un environnement inapproprié, le besoin différent de sexualité de chacun,… et/ou une mauvaise communication dans le couple, et le désir ne peut s’éveiller.
Une sexualité non satisfaisante amène parfois l’un des partenaires à l’adultère. Quand l’adultère est assumé et tu par l’un des partenaires, le couple n’en souffre pas. Un adultère non assumé et dont la culpabilité est déposée sur les épaules de l’autre déchire le couple : « C’est de ta faute si je t’ai trompé ! ».
Il arrive que l’un des partenaires consente l’acte sexuel et simule le plaisir quand la demande de l’autre devient trop insistante et envahissante.
Un rapport non consenti est un viol.
Une intimité sexuelle de couple est un cheminement exploratif de soi, de l’autre, où chacun des partenaires va mettre en mots sa différence et ses découvertes pour une jouissance partagée.

Paul et Louis ont respectivement 70 et 74 ans et vivent chacun dans leur appartement. Ils se sont rencontrés en cours de sport. Ils s’aiment et ils aimeraient se marier. Ils viennent me voir pour être sûrs qu’ils vont faire le bon choix et pour leur permettre d’établir l’ossature de leur association.
Paul et Louis sont un couple qui ne peuvent plus avoir d’intimité sexuelle, mais une profonde tendresse les unit et ils ont de nombreux projets affectifs communs, parmi lesquels habiter sur le même palier.
Janvier 2025
Reproduction autorisée et bienvenue de Francine Chonnaux, moyennant mention de la source : « Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque. » (Article L122-4 du Code de la propriété intellectuelle).
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